Si Johanna Mirabel s’inscrit dans le grand retour de la peinture figurative auquel le monde de l’art assiste depuis quelques années, elle emprunte cependant une voie singulière en portant ses représentations au-delà du réel ou, plus exactement, en faisant émerger et coexister aux côtés de l’espace réel un autre monde.
Si Johanna Mirabel s’inscrit dans le grand retour de la peinture figurative auquel le monde de l’art assiste depuis quelques années, elle emprunte cependant une voie singulière en portant ses représentations au-delà du réel ou, plus exactement, en faisant émerger et coexister aux côtés de l’espace réel un autre monde.
À la surface des œuvres, le réel se distord, s’élargit pour faire advenir ce qui pourrait être appelé un arrière-monde imaginaire, qui se fraie un chemin dans la transparence de la matière, s’installe au creux de la réserve, se ramifie le long des nombreux points de fuite. Au sein de toiles de grand format, ce nouvel imaginaire prend place dans un espace résolument ouvert, perméable à toutes les influences et à tous les langages.
Présentant une vaste sélection d’œuvres, l’exposition Habiter le chaos met en évidence l’identité plastique plurielle que Johanna Mirabel a élaborée, dans une affinité forte avec la pensée de l’écrivain martiniquais Édouard Glissant auquel fait référence le titre de cette exposition. Dans son concept du « chaos-monde », Édouard Glissant nomme chaos le profond bouleversement pluriculturel que l’histoire agitée du monde a provoqué.
Sensible à cette pensée, Johanna Mirabel élabore sa peinture en miroir de la dynamique du monde, transformant l’espace de sa toile en un espace d’échanges hybride et mouvant, où les identités ne sont jamais figées. À la surface des œuvres, les personnages se tiennent dans un entre-deux, entièrement perméable à ce qui les entoure – à l’image des veines du bois se confondant par transparence à celles des corps – et en même temps dans l’affirmation de leur présence, qui se traduit sur la toile par un travail du dessin plus minutieux.