Constructeurs de pyramides, concepteurs de tombeaux gigantesques, embaumant leur défunt et les enterrant accompagnés de leur trésors et objets familiers dans l’espoir d’un au-delà commode, les anciens égyptiens avaient-ils dompté la mort sous tous ses aspects ? Malgré une littérature funéraire permettant de négocier avec les êtres mystérieux qui peuplent(…)
Constructeurs de pyramides, concepteurs de tombeaux gigantesques, embaumant leur défunt et les enterrant accompagnés de leur trésors et objets familiers dans l’espoir d’un au-delà commode, les anciens égyptiens avaient-ils dompté la mort sous tous ses aspects ? Malgré une littérature funéraire permettant de négocier avec les êtres mystérieux qui peuplent l’autre monde et les scènes charmantes de leurs caveaux montrant des défunts radieux, certains redoutaient le passage et voyaient s’approcher l’accostage fatidique avec crainte.
Les chants des harpistes témoignent de ces doutes. Si certains exaltent les joies de la vie dans l’au-delà (chants dits orthodoxes) d’autres plus prudents mettent l’accent sur les plaisirs de l’en-deçà et invitent les futurs défunts à en profiter tant qu’il est encore temps (chants dits hérétiques). On connaît actuellement une vingtaine de ces chants, ils datent de l’époque ramesside, mais leur musique restera toujours inconnue car les anciens égyptiens n’avaient pas de système de notation musicale. C’est le contenu seul de ces textes anciens mais si humains qui a inspiré Olivier Chabaud. Quant aux paroles, le système d’écriture hiéroglyphique ne permet pas de reconstituer le son authentique de l’égyptien des Ramsès, alors plutôt que faire chanter une traduction française, la translittération académique des égyptologues est utilisée dans cette œuvre musicale, conservant ainsi la structure de l’énonciation et donc des émotions.