L’exposition L’Auvergne de la modernité explore les relations entretenues entre Paris et l’Auvergne entre 1890 et 1940 ; Durant ces décennies, la « région » en tant que circonscription administrative n’existe pas encore. L’Auvergne est alors associée à un périmètre regroupant Clermont-Ferrand, le Puy-de-dôme, une partie du Cantal et de la Haute-Loire. Des artistes et personnalités locales s’attachent à défendre les artistes originaires de la région dans la capitale et à Clermont-Ferrand. Maurice Busset (1879-1936), artiste clermontois formé à l’Ecole nationale des arts décoratifs de Paris et conservateur adjoint du musée de Clermont-Ferrand de 1928 à 1934, joue un rôle clé. Il fonde l’Association des Amis des Musées et la Société d’artistes Arvernia, travaille à l’acquisition des œuvres des artistes locaux, et participe activement à l’élaboration du Pavillon de l’Auvergne à l’Exposition universelle de Paris en 1937.
Cette tendance régionaliste s’inscrit dans un contexte plus global de recul de la ruralité et de décentralisation. L’Exposition universelle de 1937 accorde ainsi une place privilégiée aux provinces en leur consacrant un espace dédié le long de la Seine près du Tocadéro.
Le « Centre régional » rassemble ainsi vingt-cinq pavillons dont celui de l’Auvergne.
L’Auvergne attire nombre d’artistes et de personnalités étrangères. Ses paysages fascinent et les vertus des eaux motivent la villégiature thermale. Marc Chagall, en quête de calme pour illustrer Les Fables de La Fontaine commandées par Ambroise Vollard, séjourne à Chambon-sur-Lac en 1926. Il y réalise de nombreuses gouaches, représentant des vues du village. En 1927, il revient dans la région pour suivre une cure à Châtel-Guyon, alors que son ami Chaïm Soutine y réside également. A Murol, les frères Terlikowski, d’origine polonaise, retrouvent le peintre Victor Charreton. Une daispora d’artistes se créée et sera regroupée ultérieurement sous le terme d’«Ecole de Murol».
Les descriptions faites de la région – comme celles d’Emile Roux-Parassac, premier commentateur du Palais idéal du Facteur Cheval en 1904 – témoignent du fantasme primitiviste que suscitent les reliefs volcaniques auvergnats. Les puys sont tour à tour comparés aux pyramides, au mont Fuji ou encore à l’Afrique des temps préhistoriques.
Dans ce contexte, les sculptures du cultivateur autodidacte Antoine Rabany (1844-1919) font sensation auprès des touristes et collectionneurs de passage. Elles arrivent anonymement sur le marché de l’art parisien et sont acquises par des collectionneurs d’arts premiers (Charles Ratton, Dr. A. Barnes, Joseph Müller, Simone Kahn, etc.) qui y leur trouvent un air de parenté avec des sculptures axtra-occidentales. Jean Dubuffet les inclut dans sa collection d’Art Brut à la fin des années 1940 sous le terme « Barbus Müller ». Le musée d’art Roger-Quilliot a redécouvert tout récemment une sculpture relevant de ce corpus. Inventoriée comme une « Tête » anonyme du XIXe siècle, elle a été donnée en 1951 et acceptée par le musée « à titre d’échantillon de faux produits au XIXe et XXe s par plusieurs ‘artistes’ spécialisés en la matière ». Il est précisé dans les cahiers d’inventaire : « Les produits s’écoulaient à Clermont et dans les villes d’eaux ou centres de tourisme comme Murols ». Cette exposition est l’occasion de valoriser cette redécouverte.
Les visiteurs découvriront sous la conduite du guide conférencier, les grandes thématiques de l’exposition :
Au cœur du régionalisme : Maurice Busset (1879-1936)
Murol, centre artistique
La villégiature thermale : Marc Chagall et Chaïm Soutine en Auvergne
De Chambon-sur-lac à Paris : l’histoire revisitée des sculptures d’Antoine Rabany (1844-1919)
L’Auvergne à l’Exposition Universelle de 1937
L’exposition présentera une quarantaine d’œuvres, dont certaines venant d’institutions nationales (musée de Grenoble, Musée de l’Orangerie)